Le 4 juillet 2016 • par Alison J’ai testé la méditation Vipassana « Vipassana, qui signifie voir les choses telles qu’elles sont réellement, est l’une des techniques de méditation les plus anciennes de l’Inde. Elle était enseignée en Inde il y a 2500 ans comme un remède universel aux maux universels, c’est à dire un Art de Vivre. » Cette méditation non religieuse a été diffusée par M. Goenka, un indien reconnu dans le monde et ayant fondé des centres sur tous les continents (dont plusieurs en France d’ailleurs). Pour les débutants, il est proposé un cours d’initiation de dix jours, douze heures de méditation par jour, afin d’appréhender la méthode. L’objectif de ces dix jours est de vider son esprit d’un maximum de pensées pour pouvoir se concentrer sur son souffle et ses sensations. Pour ceux qui réussissent, il en résulte un état de bien-être profond pendant lequel vous ne pensez plus ni au passé ni au futur mais vous vivez totalement le présent. Pour venir à bout des pensées parasites il faut stopper toute nourriture intellectuelle : plus de téléphone, de radio ou même de parole. Le code de discipline s’abstenir de tuer tout être vivant (y compris les moustiques… aïe !) s’abstenir de voler s’abstenir de toute activité sexuelle s’abstenir de mentir s’abstenir de consommer tout produit intoxicant (alcool, drogue, cigarette, médicaments…) noble silence : aucune forme de communication (langage, signe, regard, téléphone, internet…) aucune nourriture intellectuelle (écriture, lecture, musique, photo…) séparation hommes/femmes nourriture simple et végétarienne. Pas de dîner. habillement : simple et couvrant. Éviter les vêtements moulants ou qui pourraient distraire les autres. Programme des dix jours 4h00 : réveil au son du gong 4h30 – 6h30 : méditation 6h30-8h00 : petit déjeuner et repos 8h00-11h00 : méditation 11h00-13h00 : déjeuner et repos 13h00 – 17h00 : méditation 17h00-18h00 : pause thé et fruit 18h00-21h00 : méditation et discours de M. Goenka 21h30 : extinction des lumières et dodo Arrivée la veille du cours Nous nous disons au revoir Thibaud et moi, nous savons que ça va être dur d’être sans moyen de contact pendant dix jours. Petit coup de blues. A 20h00, le cours commence avec une première heure de méditation et la mise en place du code de discipline. On va se coucher dans un grand dortoir, en silence. Premier jour Je constate rapidement que se lever à 4h00, manger végétarien ou s’imposer un silence total ne sont pas si difficiles. Mieux, les six premières heures de méditation passent plutôt bien (les six suivantes sont plus dures !). Par contre je change de position toutes les vingt minutes. Dès le début, radio cerveau se met en route et de grandes pensées philosophiques et profondes surgissent de toute part : est ce que j’ai bien pris mon anti-moustiques ? J’aime bien le tee-shirt de la fille devant. Combien de temps pour faire un escarre ? Comment vais-je illustrer mon article puisque je ne peux pas prendre de photos ? Les gens qui méditent pendant dix ans finissent-ils par avoir les fesses plates ? Pour ponctuer tout cela, radio cerveau m’offre quelques pauses culturelles : Jean-Jacques Goldman, les Black Eyed Peas et un peu de Jobi Joba agrémentent la journée. Tout va bien. Il est très difficile de se concentrer plus de quelques secondes. Surtout que le premier jour, on ne doit penser qu’à notre respiration par les narines. Globalement, les douze heures de méditation sont très dures, c’est la pire journée pour moi car beaucoup de pensées négatives viennent aussi hanter mon isolement. En fait c’est même tellement dur que je décide de partir le lendemain matin. Ma voisine de lit, elle, n’a pas tenu trois heures et a déjà décampé… Deuxième jour Ça va mieux, je décide de me raisonner et de méditer encore quelques heures au moins. Je divague encore beaucoup et radio cerveau ne veut pas se taire : est-ce que je préfère les pâtes à la tomate ou au pesto ? En fait je mangerai bien un petit kouign amann. Jobi Joba, Céline Dion, blablabla, BON. Pense à ton nez, pense à ton nez. Finalement la journée passe mais je ne trouve pas la concentration. Troisième jour Aujourd’hui il faut se concentrer sur toutes les sensations ressenties dans la région du nez, en plus de la respiration. J’ai toujours très mal aux fesses. Radio cerveau n’a plus grand chose à dire et c’est bien la preuve que sans parole, sans nourriture intellectuelle, la pensée se tarit d’elle même. Voilà une observation étonnante et intéressante. Je ne parviens toujours pas à me concentrer et j’ai le sentiment d’être à côté du groupe, de voir le train passer et de rester sur le quai. Mon esprit semble de moins en moins docile alors que je devrais au contraire le maîtriser de mieux en mieux. Je ne me sens pas en phase avec la méthode et avec les explications du professeur. Je doute d’être à ma place. Je commence à faire mon sac dans l’après-midi. Quatrième jour Après la première méditation du matin et le petit-déjeuner, je plie bagages et demande à partir. Après une entrevue avec le professeur pour obtenir son autorisation, je me retrouve dehors avec une autre fille qui quitte aussi le cours. Je suis rassurée de voir que je ne suis pas la seule à lâcher prise. Je rentre seule en bus sans rien dire à Thibaud et je le surprends en fin de matinée 🙂 Je retrouve la parole, la nourriture, et quelques autres choses qui m’ont manqué : rire et sourire, la vie quoi ! Ouf ! En définitive, j’ai le regret de ne pas « avoir tenu ». En même temps, j’ai trouvé la méthode Vipassana assez extrême bien qu’intéressante et instructive. J’ai été surprise d’avoir autant de pensées négatives le premier jour, c’est ce qu’on appelle « vider sa poubelle intellectuelle ». Après cette phase, il est plus facile de se concentrer sur l’essentiel et de méditer. J’ai aussi été surprise que le son de radio cerveau baisse au fur et à mesure des jours. J’ai décidé de ne pas terminer le cours car je n’arrivais pas à suivre la méthode et à me concentrer. J’ai senti que je pouvais rester dix jours mais s’il ne s’agissait que d’un défi, si je ne comprenais pas l’enseignement, cela n’avait pas de sens de rester. Assez vite, j’ai eu l’idée de réessayer la méditation Vipassana dans un centre en France. Plus raisonnablement, je testerai bien d’autres méthodes plus actives ou en tout cas avec moins d’heures assise. Une à trois heures par jour me semble un bon compromis pour commencer. Si vous êtes intéressés par la méditation Vipassana, toutes les informations sont sur le site web et pour le reste… accrochez-vous ! 🙂
En fait c’est déjà dur de rester dans le présent quelques secondes alors c’est effectivement extrême de faire ce que tu as fait pire une « novice ». On n’est pas tous égaux de ce côté. Les pensées viennent et reviennent et c’est normal. Il ne faut pas spécialement chercher à les repousser mais simplement constater leur présence (comme une démangeaison qui s’estompera). Entk félicitations ! Répondre
Déjà répondu par mail mais.. Ça peut s’appliquer à la vie de tous les jours de façon moins drastique et contraignante. Mais oui je pratique.
Bon bah en fait le mail n’a pas été envoyé, j’ai dû buggué du travail ! Je ne me souviens plus très bien ce que j’y ai dit dedans mais je pense que j’ai dû dire que c’est quelque chose qu’on peut faire au quotidien par petite dose (dans le métro, chez soi en se levant etc…). Les pensées positives et négatives volent comme des mouches dans la tête et viennent toujours « à cause de quelque chose » (exemple : dans ton cas, le tee shirt de la fille devant toi !). Le schéma classique en méditation est de se concentrer sur la respiration ou de visualiser quelque chose dans son ventre. D’autres travaillent plutôt la « pleine conscience ». Je fais souvent l’analogie à la dégustation d’un vin. Cela permet de ne pas être mal vis à vis du passé ou du futur (ce qui ne veut pas dire qu’on n’a pas le droit de planifier des choses comme les vacances hein). Ca me rappelle une expérience où on dit à deux personnes qui vont recevoir une décharge électrique. Ceux qui ne faisaient pas la pleine conscience avait « déjà mal avant » (et on comprend pourquoi !). Bref, c’est impressionnant d’avoir tenu 4 jours dans ces conditions (tu m’y verras jamais !). Répondre