Le 4 avril 2016 • par Alison Villages ruraux et sourires d’enfants Tentés par la réputation enchanteresse des abords de la rivière Nam Ou, au nord de Louang Prabang, nous prenons la route et le bateau pour aller voir deux villages de plus près. Nous débarquons dans le tout petit village de Muang Ngoi : une rue de terre battue, quelques dizaines de maisons et un paysage de rêve. Le village s’étend au dessus d’une vallée plane dans laquelle le lit de la Nam Ou s’étale et prend son aise entre les collines verdoyantes. Le village vit au rythme de la rivière : les bateaux accostent et partent de temps en temps, les enfants jouent dans l’eau, les buffles s’y rafraîchissent et les adultes y font la lessive. C’est le lieu parfait pour se détendre et profiter du temps qui passe en regardant le soleil passer d’un versant à l’autre. Thibaud ne résiste pas à l’appel des petites montagnes et grimpe à un point de vue. Au passage, deux grottes étroites et sombres dont les entrées discrètes se situent à flanc de colline. Déjà nous sommes conquis par l’endroit et pourtant il nous réserve encore de belles surprises. Un matin nous entendons un voyageur essayer de se faire comprendre des laotiens en français pour payer une addition – évidemment ni l’un ni l’autre ne se comprennent et je décide d’aller lui porter main forte. Voilà comment nous avons rencontré Gérard, qui ne parle pas un mot d’anglais et fait preuve de courage en voyageant seul au Laos et en expérimentant quelques galères ! Après l’avoir dépanné pour la traduction, on discute et de fil en aiguille on sympathise. Il voyage sur les traces de sa fille qui était à Muang Ngoi un mois avant. Elle a pris des laotiens en photo dans les villages et lui a demandé de les retrouver pour leur offrir les photos. Superbe idée. Il est à la recherche du village de Sopkong, à 2 heures de marche, mais impossible de trouver le bon chemin dans la forêt dense. Il nous propose de venir avec lui donner les photos si nous pouvons l’aider à trouver le chemin. Nous sautons sur l’opportunité et nous mettons en route. Le tout petit village de Sopkong se mérite : passage de rivière à gué, échelle, herbes hautes, « pont » à base d’un tronc d’arbre… Nous arrivons enfin. Sopkong rassemble une petite communauté très rurale, beaucoup d’enfants, une école. Les seuls moyens de transports sont la marche et de petits bateaux. Nous sortons les photos et commençons à faire le tour des villageois pour leur demander la maison d’untel ou d’unetelle qui figure sur les photos. Très vite la rumeur se répand : trois étrangers se promènent avec des photos de tout le village. Nous sommes alors entourés par plusieurs hommes et femmes ainsi qu’une nuée de petits bouilles curieuses qui rient et s’étonnent de voir un voisin, un frère ou une amie sur les clichés de Gérard. Nous faisons la distribution, nous rendons à l’école, faisons des « tope-la » aux marmots pieds nus. La sélection des photos a été particulièrement difficile pour cet article, tant tous ces visages et tous ces sourires nous ont émus. Nous sommes restés plusieurs heures à partager des moments de vie et à s’étirer les zygomatiques. Finalement, nous terminons sur le pas de porte d’une grand-mère ravie d’avoir une photo de sa famille et de ses petits enfants. Je reste un peu avec elle à « discuter » à base de langue des signes. Apparemment elle est malade à cause des moustiques, le paludisme ? Je ne suis pas sûre de comprendre. J’ai droit à un moment privilégié avec son petit fils de deux mois et sa petite fille qui s’endort sur mes genoux. Enfin, Gérard et moi prenons l’initiative d’aider notre mamie lao dans sa tâche : confectionner des balais naturels en préparant des gerbes d’une plante locale. Voir un homme faire son travail la fait bien rire ! Voilà une journée magnifique qui vaut bien tout le voyage et qui restera dans nos mémoires : des moments simples et humains, assurément l’une de nos meilleures expériences au Laos. Un grand merci à Gérard pour cette perche tendue et pour ses belles photos de nous avec les enfants. Bravo à sa fille pour avoir su concocter un périple inoubliable à son papa. Le lendemain, nous redescendons la rivière pour s’arrêter à Nong Khiaw. Ce plus gros village s’étend de part et d’autre d’un grand pont. Si la vue est jolie, la ville a moins de charme et dispose de routes : on ne retrouve pas l’effet « paradis perdu » de Muang Ngoi. Principale activité pour nous : monter à un point de vue pour admirer d’en haut le village niché dans une boucle de la rivière Nam Ou. Là encore, le paysage se mérite puisqu’il faut s’enfoncer dans une forêt dense et rocheuse, plantée sur les coteaux abruptes d’une montagne (1h30 de montée, 1h de descente). Après ces quelques jours d’escapade, nous redescendons à Louang Prabang juste pour une nuit avant de continuer notre route vers Vientiane. A peine arrivés à Louang Prabang, on se retrouve nez à nez avec Gérard arrivé la veille ! Grands sourire, rigolades et embrassades. Avec grand plaisir, on passe encore toute la journée ensemble et nous nous disons vraiment au revoir, cette fois, car ses vacances se terminent.
Super ,des moments incroyables ,avec la petite fille sur tes genoux,je te trouve fatiguée ou c’est simplement l’expression de la photo. Profité tous les deux de la magie de vos découvertes . Répondre
Non pas spécialement fatiguée, je pense que c’est les 2 heures de marches sous 35° qui n’ont pas arrangé mon brushing ! 🙂 Répondre
De beaux moments que vous venez de vivre. Des rencontres avec Gérard, c’est super mais a t il rejoint sa fille? Je pense que oui et ces belles petites filles que vous avez prise en photo, De bons souvenirs pour vous. Ma petite fille est repartie cet après midi avec son tonton Fabrice, qui est venu la chercher ce matin le train. Laurence est venue manger avec nous et comme jeudi, elle aura 43 ans, nous l’avons fêté et manger un bon gateau bises Anne loulou Répondre
Il a commencé son voyage par retrouver sa fille dans le nord du Vietnam puis il est passé au Laos tout seul pendant qu’elle poursuivait vers le sud du Vietnam je crois Répondre
On comprend que vous ayez eu beaucoup de mal à quitter ces enfants, cet endroit qui a l’ai magique ! Tu nous fais partager ces bons moments, c’est magique. Bises LN Répondre
Bonjour Thibault, Bonjour Alison, On ne se connait pas mais c’est tout comme… Je suis la fille de Gérard!???? je suis très émue à la lecture de votre article qui me permet revivre chaque moment de mon passage à Muang Ngoy… Petit village hors du temps dont on ne peut que tomber amoureux… L’article est très bien écrit et je réalise que les photos ont eu l’effet escompté. Cette grand mère dont vous parlez à la fin m’a vraiment touchée… Elle voulait tellement que je la prenne en photo et que je lui offre ensuite… J’étais désemparée mais c’était sans compter sur le venue un mois plus tard de papa Gérard! Merci à vous deux d’avoir pris soin de lui… Très fière qu’il ait pu vivre cette expérience seul au Laos malgré la barrière de la langue! Bon road trip à vous… Vous semblez parfaitement bien partis! Une bise du Cambodge où je trouve les gens tellement souriants et généreux! Et oui ici aussi!! Et enfin merci pour votre blog très bien fait et parfois utile aux voyageurs pour prendre une direction ou une autre… Krystel Répondre
Bonjour Krystel 🙂 Merci beaucoup pour ton commentaire, ça nous a touché ! Faire une distribution de photos était vraiment une super idée, à refaire. On a passé de très bons moments avec ton Papa qui a plein de rêves de voyage en tête je crois. On l’a encouragé à continuer. Quand on a le cran de visiter le Laos tout seul sans parler anglais on peut aller partout non ? 🙂 Muang Ngoi est vraiment mon meilleur souvenir du Laos… en grande partie grâce à toi. Nous sommes à Chiang Mai maintenant. Nous avons visité le Cambodge aussi donc si tu as des questions n’hésite pas. C’est un pays attachant, touchant par son histoire et son peuple. Très bon voyage et encore merci !!! Répondre
Ça doit vraiment génial d’avoir pu vivre une telle expérience. Un souvenir qui vous marquera pour toujours je suppose :). Les photos avec les enfants sont magnifiques ! Bises à vous deux Répondre
Merci 🙂 Oui, souvenirs magnifiques. Comme quoi il suffit de sortir un peu des sentiers battus ! Répondre
Me voila, Christelle m’a doublé !!! normal elle a quelques heures d’avance sur moi. QUE D’EMOTIONS … votre récit est tellement juste que je revivais chaque instant au fur et à mesure de la lecture . Ce village est juste incroyable , hors du temps . les photos sont magnifiques, les couverts en bambou des enfants , juste énorme , trop beau … Notre chemin devait se croiser ainsi va la vie, grâce à vous j’ai et nous avons vécu un moment juste extraordinaire. Maintenant mon voyage va continuer sur votre blog, j’ai hâte de lire vos premières impressions en Birmanie. Un grand merci à vous deux et bon vent sur les chemins du monde. Gérard. Répondre
Merci Gérard ! 🙂 C’est en grande partie grâce à toi et ta fille tout ça. Ça a été un moment rare et essentiel. Pour ma part, c’était ce que je rêvais de vivre en faisant ce grand voyage : des échanges, de l’humain, des sourires d’enfants et la simplicité de la rencontre. En fait ça n’arrive presque jamais quand on est « touristes » ou « backpackers » comme on dit. Il faut pouvoir s’extraire de la masse des voyageurs et aller vadrouiller par soi-même, mais ce n’est pas toujours si simple 🙂 Bref, un souvenir extra ! On t’attend sur le transsibérien en août !!! 😉 Bises Répondre
bonjour à vous deux, Grâce à vous je viens de visiter Vientiane tout en mangeant pas épicé (c’est au moins l’avantage d’être chez soi ) Je vois que votre voyage continue dans la plus grande sérénité , c’est vraiment super. Oui, à la lecture de ton petit mot, tu décris vraiment ce que je recherche dans le voyage , les échanges , la rencontre de l’autre, des visages, des sourires, c’est pour moi ce que je garderai en mémoire plus sans doute que les monuments. Le transsibérien !!! juste un rêve, plus qu’un rêve, alors je vais essayer de rester éveillé … j’attends le prochain épisode. Gérard . Répondre
Gérard tu es parti juste à temps : depuis plusieurs jours on encaisse des températures de 38, 40, 41° et ça va encore monter avec l’été qui se rapproche ! On souffre 🙂 Répondre
Juste une idée, Emmagasine le maximum de chaud dans ta valise … tu ou on en auras besoin pour le transsibérien. Parle pas « English » mais quand même !!! Répondre
Une pensée depuis le chemin d compostelle en espagne pour les trekeurs du Népal . J’aurais du vous donner une photo d l’école d Nagarkoq (orthographe incertain).D gros bisous tjrs autant d plaisir à vous lire. Répondre
Bonjour Gérard et merci pour ce message ! Nous pensons à toi souvent également. Tu nous dira si le chemin de Compostelle est difficile ou non, il se pourrait qu’on se lance un de ces jours pour trekker un peu en France ! Répondre
Muang Ngoy, les occidentaux venaient s’y oublier en fumant de l’opium et on a pas de mal à l’imaginer. « Hors du temps » correspond tout à fait au sentiment que l’on a en étant là bas. Splendide! Et que de belles rencontres, les plus beaux souvenirs de voyage. C’est chouette de revivre tout cela avec vous. Répondre
Muang Ngoy restera pour moi l’un des plus beaux endroits que l’on a visité dans ce voyage. Inutile de chercher les plages paradisiaques, les cocotiers ou les cascades d’eau turquoise des îles pour VIP… il suffit d’aller à Muang Ngoy et de regarder le soleil se refléter dans le fleuve 🙂 Répondre