Le 9 septembre 2016 • par Thibaud Gobi good good Nous avons passé huit jours en 4×4 dans le célèbre désert de Gobi. De retour à Oulan-Bator, nous passons deux jours à la Petite marmotte, une auberge tenue par Vincent, un français résidant en Mongolie depuis dix ans, et fréquentée quasi-exclusivement par des francophones. C’est ici que nous rencontrons Iris, Caroline et Thomas, qui seront nos compagnons de voyage pendant les huit prochains jours. Premier jour Nous embarquons tous les six dans le van russe de notre chauffeur Biemba (dont je ne retranscris sans doute pas bien le nom) et partons en direction du sud. Au bout de quelques heures nous quittons l’axe goudronné pour emprunter des pistes cabossées. La première étape du tour que nous a préparé Vincent est le site de Bagagazriin Chuluu, une « zone de transition » entre les steppes et le désert, constituée de montagnes de granit culminant à 1760m. Mais comme le reste du plateau est à 1300-1400m d’altitude, ce n’est pas non plus très haut 🙂 Ça n’en reste pas moins très joli et on prend plaisir à se balader et à escalader ces rochers, parmi lesquels on trouve également les ruines d’un temple du 17e siècle. Ce soir, et comme les suivants, nous campons au milieu de l’immensité mongole. Dans nos provisions nous avons de la viande à manger rapidement, alors ce soir c’est riz au boeuf ! Biemba a l’air d’aimer ça. Ouf, on marque un premier bon point en cuisine 🙂 Deuxième jour Au matin c’est reparti. Après un petit déjeuner pain confiture, nous reprenons la route (la piste) pour plusieurs heures à travers des paysages toujours immenses, mais qui changent petit à petit. Maintenant il n’y a plus d’arbres, plus de rochers, mais des milliers de fleurs qui ont le goût de ciboulette. Et puis surtout, les chevaux laissent maintenant place aux chameaux ! Le premier troupeau rencontré est l’occasion d’un arrêt et de nombreuses photos. Eh oui peut-être qu’on ressemble à ces touristes asiatiques qui prennent en photo les pigeons à Paris, mais nous on n’en voit pas souvent des chameaux. Comme tous les troupeaux, ceux-ci sont laissés en liberté dans le désert. De toute façon ils ne doivent pas beaucoup s’éloigner. C’est relatif bien sûr, car les temps et les distances sont allongés en Mongolie. À midi, on rencontre une ville. Pourquoi ne pas s’arrêter manger un morceau ? Nous nous enfournons quelques buuz et quelques khushuurs au mouton. Avec le lait, la gastronomie mongole est très centrée sur le mouton. Dans le précédent article nous décrivions les khushuurs, ces chaussons frits fourrés au mouton. Les buuz sont des raviolis un peu semblables, sauf que plus petits et cuits à l’eau. Quand il ne conduit pas, Biemba est très motivé pour discuter avec nous, bien que nous n’ayons aucune langue en commun. Nous apprenons quelques mots et expressions avec le Mongol Express, un guide de conversation. Nous utilisons beaucoup le mot « ouss » (eau) pour lui dire de s’arrêter remplir les bidons d’eau, et lui sait nous dire « good » pour signifier qu’il est d’accord ou que c’est bon. Les conversations ressemblent alors à « – Ouss ouss ! – Good good ! ». En milieu d’après-midi nous atteignons le site de Tsagaan Suvarga, qui veut dire littéralement « le stupa blanc ». L’effet est incroyable : cela fait des heures que l’on roule tranquille dans le désert et paf, voila des superbes falaises et dunes rouges, roses, oranges… Waw ! Au loin des teintes de vert, de rouge et de bleu complètent ce magnifique tableau. À quelques kilomètres de là se trouve un autre site, Ulann Suvarga (le stupa rouge). De là où nous sommes nous pouvons l’apercevoir, et il n’a pas l’air si loin. Bon tout de même, c’est 16km, mais en quelques heures à pieds ça se fait. C’est parti. Thomas reste dans le van avec Biemba à cause d’une entorse toute récente qui l’empêche de marcher. Au bout de 4h nous n’avons toujours pas atteint le fameux stupa rouge. Pourtant il est juste là ! C’est fou comme les distances sont grandes. La yourte là bas semble toute proche, et pourtant il faut marcher une heure pour l’atteindre. Un autre problème se pose : nous ne voyons pas le van. Pourtant il nous a dépassé tout à l’heure… il y a 3h30. Pas grave : le soleil se couche et il ne faut pas rater le spectacle. Les couleurs sont incroyables. Et après… eh bien nous n’avons plus de photos, ou alors elles sont moches. On n’a pas souvent le réflexe d’en prendre quand il fait noir, ou quand on est perdu dans le désert sans van. Notre inquiétude commence à monter avec la luminosité qui décroit. Nous voila au milieu du Gobi sans savoir dans quelle direction aller. Heureusement il ne fait pas froid, et heureusement nous avons des lumières ! Avec la nuit c’est beaucoup plus facile de se voir. Après une petite demi-heure d’appels lumineux (et vocaux), nous apercevons des appels de phare ! Ouf ! Reste plus qu’à aller là-bas. Sauf que là-bas… c’est encore une heure de marche. Nous en avons plein les pattes, mais nous y sommes presque. Nous marchons à travers des dunes et ça y est nous sommes à portée de voix. Thomas nous crie que Biemba est venu nous chercher en van. OK il nous faut donc retourner dans l’autre sens. Avec les dunes ce n’est pas facile de repérer les lumières du van. Enfin, après cinq heures de marche dont une heure un peu inquiets, nous retrouvons Biemba et son van. C’est la fête ! Pendant ce temps Thomas avait monté les tentes et fait la cuisine. Top ! Troisième jour Le lendemain on peut apercevoir les dunes de la veille. La matinée du troisième jour ressemble un peu à celle de la veille : petit-dej, route, ville, resto. Sauf que cette fois c’est une grande ville : Dalanzagat. Nous en profitons aussi pour faire les courses. En route pour les montagnes de Gurvan Saihan, nous rencontrons des chameaux qui nous barrent la route 🙂 Le soir c’est de nouveau un trek, mais cette fois-ci un petit, dans le canyon de Yolin Am. Nous y croisons des pikas, ces petites souris des montagnes. En sortant des montagnes on aperçoit la mer… magnifique. La mer ? Alors qui est attentif ? Je sais que cet article est long mais ce n’est pas une raison pour vous endormir 😀 Eh non ce n’était pas la mer sur la photo précédente, c’était… le désert ! La couleur que l’on voit est (selon moi) le reflet du ciel le long du sol, en un gigantesque mirage. En tout cas c’est super beau ! Et que dire de notre emplacement de camp ? Je vous laisse en juger 🙂 Quatrième jour Maintenant que nous avons atteint le point le plus au sud de notre parcours, direction l’Ouest et les fameuses dunes de Khongorin Els. On commence à les apercevoir sur la route. Il fait très chaud aujourd’hui, trop chaud pour marcher dans le sable en plein après-midi. En attendant, nous nous reposons dans une yourte et assistons à la traite des chèvres. Et nous faisons une balade à (en ?) chameau ! Franchement, ce n’est pas fou du tout. C’est une attraction très touristique, au pas pendant une demi-heure, sur le dos d’un animal qui ne sent pas très bon. Malgré ça nous sommes plutôt contents de la balade, c’était marrant 🙂 L’après-midi touche à sa fin, et maintenant qu’il fait bon, c’est l’heure de grimper. Les dunes de Khongorin Els forment un « Gobi » (dune… en Mongol) et se déplacent au gré des vents. La plus haute fait 200m de haut. L’ascension est courte mais difficile. C’est déjà dur de marcher dans le sable mais en plus là c’est raide. Arrivé en haut je suis mort. Mais le spectacle est époustouflant. Nous avons réussi à arriver avant la nuit pour assister au coucher du soleil, et nous avons bien fait ! Cinquième jour En remontant vers le nord, dans les montagnes, nous apercevons des ibex. Enfin ce que nous prenons pour des ibex, car après avoir vu la fiche wikipédia, je ne crois pas que c’en était. Petit apparté sur la bouffe à ce moment là : après le premier jour où nous avions bien cuisiné (d’après la tête de Biemba), les jours suivants ont été plus mitigés. Il n’a pas trop aimé les carottes par exemple. Colette aussi commence à se lasser des « plats de jeunes » genre pâtes aux sardines ou pâtes aux choux. C’est donc avec plaisir que nous trouvons une ville (un village) sur notre chemin avec une yourte restaurant, d’autant plus que le plat qu’on nous y prépare, un goulash, est succulent. Une très bonne surprise ! L’autre bonne surprise de la ville est les bains publics, qui nous permettent de prendre notre seule douche de la semaine. C’est donc propres et frais que nous arrivons à Bayanzag, un site archéologique où de nombreux fossiles de dinosaures ont été déterrés. Sixième jour Nous continuons à remonter vers le nord. Les chevaux sont plus présents, les chameaux disparaissent, le sol est moins sec et il fait moins chaud. Nous mangeons près du monastère Ongi, le long d’une rivière où nous nous essayons aux ricochets, avant que Biemba ne s’en mêle et mette tout le monde d’accord avec son bras surpuissant. Le monastère Ongi est un tas de ruines, comme beaucoup de temples en Mongolie, victimes des purges soviétiques du début du 20e siècle. Ongi, fondé en 1660, était l’un des monastères les plus grands et les plus respectés du pays. À son apogée il pouvait accueillir un millier de moines. Lors de la destruction du site en 1939, deux cents moines furent tués et les survivants emprisonnés. Aujourd’hui un petit temple a été reconstruit. Après cette visite nous reprenons la route vers le nord, à la recherche d’un site pour camper. Nous nous arrêtons dans un endroit quelconque (un coin d’herbe dans les steppes), mais qui se révèle magique une fois les nuages partis et le soleil revenus. C’est ici que nous observons le mieux le ciel étoilé du Gobi, avec ses dizaines d’étoiles filantes. Septième jour Plus nous filons au nord et plus il fait froid. Ce n’est pas que la latitude, c’est surtout l’automne qui arrive en Mongolie, fin août. Nous faisons un arrêt dans une petite ville pour faire quelques courses et manger un morceau. Les plats que l’on nous sert sont très mauvais, mais les khushuurs de Biemba ont l’air très bons, la preuve il en mange sept ! Un record. Pour comparaison, au bout de deux, nous on cale. « Lundi des khushuurs, mardi des khushuurs, mercredi des khushuurs aussi » nous chante Caro. Peut-être qu’il fait ses réserves car il appréhende notre cuisine du soir ? C’est sous des nuages bien gris que nous arrivons au dernier site de notre tour, la montagne de Zorgol Khaikhan. Encore une fois le site est superbe. Il ne fait pas assez beau pour y grimper, alors nous remettons ça au lendemain matin. Huitième jour Le lendemain il ne fait pas beaucoup plus beau. Iris et moi nous motivons quand même à nous balader sur les hauteurs, là où la veille nous avions aperçu des vautours. Ce qui paraissait une marche tranquille se révèle un petit parcours d’escalade (facile). Et c’est déjà l’heure de rentrer à Oulan-Bator ! Biemba enfile ses habits du dimanche pour l’occasion. C’est sur un repas dans un restaurant de la capitale que nous terminons ce tour dans le Gobi. Nous n’oublierons pas l’expérience qui restera un de nos meilleurs souvenirs de voyage. Les paysages nous ont coupé le souffle (« waaaaa, wooooo ») et l’ambiance de groupe était excellente. Notre chauffeur Biemba a été top : toujours le sourire, très aidant et super sympa. Bon, la piste secoue un peu et c’est vrai qu’au bout de huits jours de 4×4 sous sommes plutôt contents de retrouver le bitume 🙂 Merci à Caroline, Thomas, Iris et Colette pour leurs photos et vidéos !
Et moi qui aimais bien nos sardines en boîte! Overdose!!! Elles devaient venir de la Baltique si peu salée (nous n’avons pas su lire le cyrillique), et devaient avoir subi quelque fumage qui en faisait un ingrédient infect!! Avis aux voyageurs: EVITER LES SARDINES EN BOITE en Mongolie, préférer les pots de pâté de foie allemands!! (Enfin, ce n’est pas dans ce pays qu’on devient un fin gastronome!!!) Répondre